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2006-08-28T15:51:48+02:00

Fiche- Nausicaa

Publié par Cycy la vache de l'espace et son Dragon


Nausicaa de la vallée du vent - Hayao Miyazaki
Japon, 1984 - 116 mn



On l’attendait tellement qu’on ne l’espérait plus. Vingt ans après sa sortie au Japon, Nausicaä, le second long métrage de Hayao Miyazaki, arrive sur nos écrans. Un événement de taille pour un film qui ne l’est pas moins. A la hauteur de sa réputation, ce dessin animé pourrait justifier à lui seul le culte dont jouit aujourd’hui le cinéaste.

 

 

Quand il s’attaque au projet Nausicaä, Miyazaki a une quarantaine d’années. Après avoir travaillé avec Isao Takahata, son complice d’alors, (Pompoko, Mes Voisins les Yamada) sur Le Château de Cagliostro (1979) - une comédie policière qui rend hommage à Maurice Leblanc et au Roi et l’oiseau de Paul Grimault, toujours inédite sur nos écrans mais disponible en DVD -, il se lance en 1982 dans une bande dessinée intitulée Nausicaä. Achevée en 1992, elle donna naissance en 1984 au film qui sort maintenant en France. L’accueil que lui réserva le public japonais, triomphal, permit aux deux hommes de créer les studios Ghibli, avec le succès que l’on sait.

Les racines d’un univers en devenir
Dans Nausicaä de la vallée du vent, Hayao Miyazaki imagine un monde du futur où la terre a été ravagée par de gigantesques robots au cours de sept jours d’apocalypse. Seuls quelques groupes d’humains survivent. Isolés les uns des autres, ils cherchent à se protéger de la Mer de la corruption. Ce nom désigne une immense forêt peuplée d’insectes géants et dont l’air vénéneux s’étend à mesure que ses spores se répandent dans l’atmosphère. Nausicaä est quant à elle la princesse d’un petit royaume vivant dans une vallée verdoyante et paisible, préservée des miasmes de la pollution et battue par les vents. Au péril de sa vie, elle mettra fin à la guerre qui opposent deux autres communautés bien décidées à vaincre la Mer de la corruption en se servant des restes d’un des robots.

(JPEG) Le film démarre par un préambule et un superbe générique où le feu se mêle à des ombres menaçantes et des dessins primitifs (voir les premières minutes de Nausicaä sur le blog Ecrans). Le contexte nous est ainsi rapidement exposé. L’intrigue démarre alors sur les chapeaux de roues, ou plutôt s’envole à tire d’ailes, tant l’air, le ciel, les nuages et les engins volants ont encore une fois un rôle primordial. « Encore une fois » car Miyazaki, fasciné par le vol, joue dans tous ses films de ces envolées qui s’affranchissent de la pesanteur. Ce n’est d’ailleurs pas la seule caractéristique unissant ce film adulte et cohérent à l’œuvre postérieure de Miyazaki, qui ne fera que le décliner avec des histoires et des atours différents. La jeune fille opiniâtre, les rapports à la nature, la guerre... les thèmes récurrents sont nombreux et évidents pour qui est familiarisé avec cette filmographie. Ils composent un univers qui tire sa force à la fois d’une grande lisibilité et d’une grande complexité. Ce qui le rend fascinant, au delà des indéniables qualités techniques des films

Une nature meurtrière mais nécessaire
Entièrement construit sur l’ambivalence, Nausicaä ne fait pas exception à la règle. Le regard du spectateur oscille constamment entre la sidération face à la beauté du spectacle et l’effroi engendré par la violence et les morts tragiques qui émaillent le récit. Le mélange multicolore de faune et de flore hallucinées et la richesse d’un monde qui semble s’inventer devant nous sans jamais perdre sa cohérence appellent l’éblouissement. L’intelligence de Hayao Miyazaki est d’avoir imaginé un écosystème où la nature, étrangère aux notions de bien et de mal, vit, s’agite, tue et fait (re)naître, sans conscience, juste parce qu’il en est ainsi. Si la Mer de la Corruption empoisonne ceux qui s’y aventurent, elle garantit également la pureté de l’air qui l’entoure. La découverte de cette double réalité apparaît au final comme le véritable enjeu du film. L’accepter, c’est s’accommoder d’un équilibre auquel il convient de ne pas toucher, sous peine de destruction. Cet équilibre se retrouve d’ailleurs dans la forme même du film. L’anxiété, la noirceur qui travaillent ses images sont ainsi contrebalancées par leur beauté. La nature recèle une richesse qui transparaît dans la multitude des êtres et des plantes qui la compose. Ainsi, même si elle se montre meurtrière, elle n’en est pas moins précieuse, source d’un spectacle en perpétuel renouvellement.

Miyazaki dépasse donc la morale et fait œuvre de penseur. On pourra toujours le taxer d’écologiste. Mais au fond, son propos est ailleurs, plus ancré dans l’humain et la culture japonaise, en quête d’une harmonie toujours menacée. L’ambivalence travaille autant le cœur du monde que celui des hommes. Rares sont les personnages condamnés par l’auteur. Chacun a ses raisons, à l’instar de l’environnement. La vision interroge notre nature profonde, à la fois et créatrice et destructrice, et s’échappe vers des perspectives plus vastes. Ces lignes de fuite sillonneront les films à venir, parfois en s’amplifiant, et permettent de dire que Hayao Miyazaki est l’artiste d’un seul et même film, toujours répété, toujours changeant et en exploration. Un film dont Nausicaä serait la pierre angulaire.

Nausicaä de la vallée du vent
Un film de Hayao Miyazaki
Japon, 1984 - 116 mn
Sortie en salles (France) : 23 août 2006

(JPEG)

[Illustrations : © Buena Vista International]

article issu du site http://www.fluctuat.net/imprimer.php3?id_article=3410

ps de Cycy: j'ai vu cette merveille aujourd'hui mais n'ai pas eu le temps de pondre un article. Merci à l'auteur original!

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