Mon avis sur la VF de Tokyo Revelations
A la demande de Anjusakura, je me suis penchée sur le nouveau box DVD des premières OAV de Tsubasa Reservoir Chronicle, consacrées à l’arc de Tokyo Revelations.
Je vous fais grâce de l’histoire, j’en ai déjà beaucoup parlé, ainsi que de la technique. Je rappelerais simplement que ces OAV sont d’une qualité des graphismes et de l’animation supérieures à celles de la série animée (même si depuis on a eu encore mieux avec les OAV de Shunraiki/ Shunmuki, j’espère aussi les voir sortir en France un jour…
Pour en revenir au coffret lui-même :
- Le boîtier est visuellement très beau, rien à voir avec les jaquettes immondes des DVD de l’édition spéciale du manga. Au recto, nous avons une belle image du groupe de voyageurs, avec des effets de lumière du plus bel effet.
Sur la tranche , Sakura, regard farouche et arme à la main (désolée ma fille , mais ta crise de rebellitude à la Guy le cobra, ça marche pas avec moi…)
Et au verso, pour faire plaisir aux demoiselles, une jolie brochette de beaux gosses,
Kurogane, Fye, Shaolan, Subaru et Kamui, avec leurs noms écrits juste en dessous, des fois qu’on ait oublié alors que ça fait sept ans qu’on suit le manga… A moins que, comme je le redoute, ce box ait été édité dans le but d’attirer un nouveau public qui ne connaîtrait pas Tsubasa (ils ont vécu sur la planète Mars depuis 2003 ?!)
Au-dessus de l’image du boy’s band, un résumé du scénario et une courte présentation des OAV. Le résumé de l’histoire fait quatre lignes. Eh bien, rien qu’en quatre lignes, ils arrivent à confondre l’œil gauche et l’œil droit de Shaolan, et même les Shaolan entre eux…
Je ne sais pas qui est le mec qui s’est chargé du texte de la jaquette, mais il aurait bien fait de regarder le sujet dont il parle avant…
- A l’intérieur du coffret, nous trouvons le DVD par lui-même dans un boîtier classique, et un « carnet de production », plus communément appelé sketchbook dans notre jargon…
Ce livret est en fait consacré au design des personnages, leurs costumes et leurs expressions faciales. Ça aurait pu être sympa, mais voilà, personne n’a pris le temps de traduire toutes les annotations en japonais, c’est dommage, car je suis sûre qu’on aurait appris beaucoup de choses intéressantes. Malgré tout, ce livret nous permet d’observer à quel point la précision japonaise est remarquable lorsqu’il s’agit, par exemple, de placer la plus infime tache de sang sur un costume…
- Ce qui nous amène au DVD par lui-même. Mais avant de parler du contenu, un mot sur le contenant. C’est donc un boîtier simple, les trois OAV étant réunies sur le même disque. La jaquette est très belle, différente de celles de l’édition spéciale du manga, et différente aussi des images du coffret. Des deux côtés de la jaquette on retrouve le couple de Sakura et Shaolan clone, notamment tels qu’ils apparaissent à la fin du ending thème des OAV (je les ai toujours trouvés dessinés bizarrement sur cette image, mais ça c’est un avis perso).
On retrouve aussi le même résumé de l’histoire que sur le coffret, avec toujours les mêmes erreurs ! XD
Autre déception : l’absence totale de bonus sur le DVD, alors que pour le film de Tsubasa sortit en 2006, on avait eu (va chercher le coffret sur l’étagère) : le commentaire audio du film, l’intervention de l’équipe du film, une conférence de presse, le clip du doublage, les bandes annonces japonaises et une galerie d’images…
Je dis pas d’en faire autant pour les OAV, mais un ou deux bonus, ça n’aurait tué personne, d’autant qu’il doit rester un paquet de place vide sur le DVD, même avec la demi tonne de pubs pour d’autres produits sans rapport que Kaze a inséré comme d’habitude…
- On en arrive donc au sujet principal de cet article, la raison pour laquelle on a investit 30 euros dans le coffret : la VF !
Eh bien comme on dit, on ne change pas une équipe qui gagne…
J’en profite, avant de me lancer dans l’analyse, pour dire que j’ai récemment retrouvé Colette Noël (Yuko), Frederic Popovic (Fye) et François Creton (Watanuki) sur la VF de l’excellent anime « Black Butler », édité chez Kana Vidéo, et que je recommande chaudement, les graphismes, les personnages, le scénario, les dialogues, tout est absolument génialement génial là-dedans… Fin de la parenthèse, retournons à Tokyo Révélations.
Une fois n’est pas coutume, en explorant le menu du DVD, on trouve, caché derrière le logo Kaze, une partie de la distribution pour le doublage français.
On apprend également qu’un certain Stéphane Lhardy s’est occupé de l’adaptation des dialogues, que Colette Noël a dirigé le doublage, et que l’enregistrement a eu lieu aux Studios de St Maur.
Super ! J’ai le nom des responsables ! (Rire sadique)
- Mr Lhardy, je pense qu’il a du faire son boulot, mais quand même… En « adaptant » le texte, il s’est carrément éloigné du sujet, là… Du coup, dans certaines scènes, on obtient des contresens, voire des non-sens, et on s’éloigne de l’histoire de Clamp… Honnêtement, l’impression que j’ai eu, c’est que, n’ayant rien compris à l’histoire des OAV (on va pas leur jeter la pierre, Clamp c’est pas du gâteau), ils ont décidé d’improviser leur propre histoire sur les images…
- Ensuite, deuxième chose que je dois absolument préciser, parce que ça, ça m’a arraché les oreilles avec cette VF … KAKYO EST UN MEC !!!!
Je sais, il a un physique androgyne, mais c’est bien un garçon avec toute sa virile intégrité. Hors, dans la VF, ils lui ont collé une voix de femme… Il arrive parfois qu’une femme double un garçon en prenant une voix grave, mais là même pas, c’est une vraie voix de fifille !
(On n’a pas le nom de la doubleuse, d’ailleurs) Pauvre Kakyo… On lui a fait le même coup qu’Ashura dans la série, en fait…
En plus dans l'anime de "X", Kakyo était doublé par... Emmanuel Gradi, qui est la voix de Kurogane dans TRC, et de Domeki dans XXX Holic!
Vous avouerez qu'il y a de quoi se poser
des questions sur la logique française, là...
- Et pour finir avec les cartons rouges, citons Fabrice Lelyon qui a été chargé de doubler à la fois Nataku et Fuma. S’il s’en sort très bien pour le premier, chose inévitable, en modifiant sa voix pour ne pas être reconnu, il se plante lourdement avec Fuma, qui hérite d’un ton nasillard et éraillé qui coule le mythe.
Fuma, l’un des plus grands sex symbols clampesques, affublé d’une voix de canard ! Du coup, ma blague récurrente sur Fuma, où je le décris « avec sa voix de beau gosse et son écharpe prisunic », tombe à l’eau… Ah si, il reste l’écharpe ! XD
Passons à présent au casting principal. On est heureux de retrouver tout le monde, même Patrick Noerie –what else ?- George Clooney qui retrouve son rôle de gros barbu, et Gwenaëlle Julien pour Xin fuo, tout deux inchangés.
Quand au reste des premiers rôles, je suis dans l’ensemble plutôt agréablement surprise. J’avais peur, si longtemps après la fin de la saison 2, que l’alchimie ne fonctionne plus entre les comédiens, mais même s’ils ont un peu de mal à démarrer, on retrouve rapidement une certaine complicité dans leur jeu.
Nicolas Beaucaire / Shaolan et Shaolan clone
Encore tour auréolé du succès de « La Princesse et la grenouille », où il interprétait le rôle du Prince Naween(et en parlant de doublage, ce Disney vaut aussi pour les prestations de Dorothée Pousséo et Anthony Kavagnah), il semble avoir du mal à retrouver ses repères avec Shaolan, et l’histoire elle-même (ce que je lui pardonne, car nombreux sont ceux qui n’y ont toujours rien compris malgré de multiples relectures XD) En bon professionnel, il tente quand même de donner des intonations différentes aux deux Shaolan, ainsi qu’aux différentes phrases qu’ils prononcent, mais le problème, c’est qu’il se trompe justement dans l’intonation qu’il doit donner à ces phrases, changeant du tout au tout leur impact. S’il arrive quand même à maîtriser le vrai Shaolan, qui arrive avec une identité bien claire, il est totalement déstabilisé par le brusque changement de personnalité de Shaolan clone. On sent même dans sa voix qu’il n’en revient pas de ce qu’il doit doubler, en loccurence la célèbre scène du goûter de Shaolan suivie de son départ.
Du coup, au lieu d’avoir un Shaolan clone froid, sanguinaire et résolu qui fait peur… C’est presque Shaolan au pays des Bisounours. XD
Isabelle Volpe / Sakura
J’ai décidé d’être gentille avec elle, parce que je crois que ce ne serait évident pour personne d’hériter du rôle de la quiche interdimensionelle, même en période de crise d’ado. Je trouve même qu’elle a progressé depuis la série, où je trouvais son interprétation fade. Là, elle y met plus de conviction et de cœur, même si à mon sens elle n’arrive pas encore à atteindre l’émotion dégagée par la prestation de sa consoeur japonaise. Je pense par exemple à un truc tout simple, le moment où Sakura interrompt le combat entre les deux Shaolan en criant « Arrêtez ! ».
A ce moment là, chez la doubleuse japonaise, le mot sort littéralement des tripes, si vous ma passez l’expression, il fuse comme une claque et on le ressent intensément. Alors qu’en version française, il sort plus platement, simplement, et c’est justement ce dans quoi il ne faut surtout pas retomber, la platitude parfaitement lisse de Sakura…
Frederic Popovic / Fye
Déjà dans la série, j’avais l’impression qu’il avait du mal à cerner son personnage, et c’est encore le cas cette fois ci. Même si son intonation est juste, son interprétation du contexte est fausse. (non, Fye ne fait pas la gueule à Kurogane juste parce qu’il lui a sauvé la vie, c’est beaucoup plus compliqué que ça !) Je crois que lui aussi est un peu perdu dans l’histoire, et par moments, il la subit. Du coup, tel un moteur diesel, il se met en marche lentement, progressivement, tâtonnant au début de la première OAV, arrivant à retrouver Fye dans la seconde et à performer dans la troisième. Il arrive cependant à bien retranscrire les différents sentiments par lesquels ce pauvre Fye passe durant cet arc…
Emmanuel Gradi / Kurogane
A mon sens, il est celui qui a le plus de facilité à renouer avec son personnage, à comprendre le contexte du scénario et l’intensité qu’il doit donner à son texte. Texte sur lequel je le soupçonne d’improviser à quelques endroits, comme il le faisait déjà sur la série. Il y met en tout cas vraiment du cœur et de l’enthousiasme, et l’on devine que certains de ses mots sont vraiment les siens. Mais, à y mettre autant de sentiments, il verse dans le OOC (et c’est moi qui écrit ça, la championne incontestée de la OOCification dans ses fanfics ! XD) On est quand même tous d’accord pour dire que Kurogane, le vrai, c’est un roc, tout dans la rudesse et les non dits. Ben Kurogane french version, il est tout doux, il demande à Fye de lui faire confiance, et en parlant de son blond, d’ailleurs, Kurogane répète au moins trois ou quatre fois qu’il est son ami (ce qui est vrai, certes… mais tellement plus complexe…)
Alors moi je suis ravie, parce que j’aime le côté tendre de Kurogane, mais ça risque d’en choquer certains quand même, un Kuro chamallow…
François Creton / Yuto
François Creton, doubleur de Watanuki, a été invité à se joindre à l’équipe pour les OAV. Sauf que dans « Tokyo Revelations », Watanuki ne dit pas un mot, apparaissant tout juste en silhouette dans deux scènes.
Du coup, son doubleur hérite du rôle de Yuto, un des membres de la bande à Kamui.
François Creton est un doubleur pour lequel j’ai une vraie affection, il livre toujours des prestations excellentes, et ce, dans des rôles aussi différents et opposés que peuvent l’être Gourry Gabriev dans « Slayers » et Mitsuru dans « Brave Story ». Cette fois-ci encore, il offre un travail impeccable même pour un simple second rôle… Même si à l’évidence, tout le long, on ne peut pas s’empêcher de voir Yuto et d’entendre Watanuki, ce qui est assez perturbant…
Colette Noël / Yuko
Autre doubleuse que j’affectionne depuis le personnage de Botan dans « Yu Yu Hakusho », et tellement fabuleuse en incarnant Mme Red dans « Black Butler »… Je dirais pourtant que cette fois-ci , elle souffre un peu du même problème que les autres. Un peu perdue dans l’histoire, elle cherche à se rattraper en travaillant les intonations de ses phrases, et malheureusement, se trompe dans le sens qu’elle doit leur donner… Elle reste quand même irremplaçable, et je ne peux imaginer personne d’autre pour interpréter Yuko !
Marie-Madeleine Ledoze – Burguet / Mokona
Mokona c’est Mokona ! XD Sa prestation est tout à fait similaire à la série et passe comme une lettre à la poste. Pour avoir entendu cette comédienne en d’autres circonstances, je maintiens quand même qu’elle aurait pu doubler notre boule de poils préférée sans modifier le grain de sa voix, car ce ton de gorge irritée… Irrite aussi les oreilles. Une voix claire et enjouée aurait suffit amplement à Mokona, pourquoi lui (et nous) infliger ça ? Je note que Mokona noir, dans la seule phrase qu’il prononce, obtient quand à lui une voix différente que dans la série… Et tout à fait horrible !
Pour finir, Jean-Marc Montalto double Kamui. Je n’ai pas le nom du doubleur de Subaru, mais tous les deux livrent une prestation tout à fait convenable… J’ai même beaucoup aimé la voix de Subaru !
Voilà, voilà… Que dire pour conclure ? Même si 30 euros, c’est quand même une note salée pour 3 OAV (moi je les ai eu à 23 euros là où je les ai acheté, hé hé !), à peine plus longues que 3 épisodes ordinaires, le doublage français, sans égaler la version originale, a été fait avec soin. Et même si les comédiens ont du mal à démarrer et retrouver leurs repères, leur complicité et l’implication dont ils font preuve l’emporte au final avec une jolie émotion.